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Allergies multiples: et si l’allergie au lait de vache n’était que la partie émergée de l’iceberg?

7/09/2022
Voix De Maman
Par Voix De Maman

Un enfant avec des allergies multiples. Cela semble fréquent, et pourtant cela reste assez méconnu. On entend souvent parler d’enfants allergiques au lait de vache. Un autre lait et hop, le tour est joué. Mais si ce n’était que la partie émergée de l’iceberg?

Notre histoire commence en mars 2020. Notre fille avait alors six semaines. Elle n’arrêtait pas de pleurer, et nous, jeunes parents, nous ne savions pas quoi faire. Direction la pédiatre. Le verdict est rapidement tombé: "Votre fille a clairement du reflux."


Nous sommes rentrés à la maison, avec une médication adéquate. Nous savions qu'il faudrait un peu de temps avant que ces médicaments ne fassent effet. Et comme on était en plein confinement, nous avons pris le temps. Les cris et les pleurs ont diminué, nous avons pu souffler un peu. Nous avions à nouveau un bébé plus joyeux, mais parfois, nous avions clairement l’impression que le reflux n’était pas le seul problème.


Et c’est rapidement devenu une évidence. Un jour, notre fille a fait une éruption faramineuse. C’était ce que nous pensions, en tout cas. Nous avons décidé de nous rendre chez notre médecin traitant, car nous n’avions pas très envie, en raison du coronavirus, d’aller à l’hôpital. Le médecin a tiqué quand il a vu notre fille. Il nous a demandé depuis combien de temps elle avait cette éruption. On l’avait déjà remarquée, mais elle n’avait encore jamais été si forte. Le médecin nous a orientés vers notre pédiatre, pour faire d’autres examens et en trouver la cause. Dans l’intervalle, nous avons commencé à appliquer une pommade aux corticostéroïdes. La première d'une longue série.


La pédiatre a tiqué elle aussi. Elle avait déjà vu des cas d’éruptions cutanées, mais notre fille remportait la palme. Comme je l’allaitais encore, j’ai dû adopter, comme ma fille, une alimentation sans lait de vache. Nous devions faire cela pendant quelques semaines, et voir ce que ça donnait. La médication a elle aussi augmenté. Nous sommes rentrés assez préoccupés, des questions plein la tête. Après quelques semaines d’alimentation sans lait de vache, nous avons constaté une légère amélioration.


Jusqu’au jour où la crèche nous a appelés. Notre fille avait mangé de l’aubergine (elle avait alors un peu plus de six mois), et elle était pleine de boutons sur le visage. Nous n’avions encore jamais vu ça. Encore un point à ajouter sur notre liste... Nous avons donc décidé de ne plus lui donner d’aubergine. Cela pouvait être un hasard.


À neuf mois, nous avons commencé les fruits. Comme pour ainsi dire tous les parents, nous avons commencé avec la banane. Nous avions choisi la méthode Rapley, et elle pouvait donc se régaler avec la banane. Elle a adoré, elle s’est littéralement ruée dessus. Elle a tout mangé, à notre grand étonnement, car c’était la première fois qu’elle mangeait des fruits. Malheureusement, cette banane est ressortie tout aussi vite. Nous avons d’abord pensé qu’elle avait mangé trop vite. Que son estomac avait été un peu surpris. La deuxième fois, nous avons procédé différemment. Elle a reçu un quart de banane, pas plus. Et j’ai complété avec mon lait. Le quart de banane est ressorti. Après l’aubergine, la banane.


Comme nous savions qu’elle était sensible aux allergies, nous ne lui donnions jamais de panade. À chaque fois un fruit, pendant trois jours. S’il n'y avait pas de réaction, nous passions à un autre fruit. Nous avions pris un mauvais départ. Nous sommes passés à la pomme, et peu après à la poire. Une réussite: pas de vomi, pas d’eczéma. Nous étions heureux!

 

réaction allergique

Le kiwi était le prochain fruit sur notre liste. Nous avons commencé avec le kiwi vert, mais ce fut un carnage, comme avec la banane. Nous n’avons pas retenté le coup. Le kiwi figurait lui aussi sur la liste des fruits bannis, et nous avons recontacté la pédiatre. Cette fois, une prise de sang était prévue. Le fait qu’elle réagissait à tant de choses inquiétait la pédiatre. Mon cœur de maman s’est brisé lors de cette première prise de sang. Heureusement, l’infirmière savait comment consoler et apaiser une maman aussi.


La prise de sang a confirmé les différentes allergies. Mais le kiwi jaune n’était pas un problème, nous avons donc eu le feu vert pour lui en donner. Elle en a reçu trois. Au dernier, notre fille a déclenché une forte réaction. Vomissements, tremblements, lèvres cyanosées, eczéma sur tout le corps. Vous l’aurez compris, la panique était totale. Nous avons immédiatement pris rendez-vous chez la pédiatre, et nous avons reçu un EpiPen au cas où.


Là, nous étions encore plus angoissés. Jusqu’à ce moment, nous pensions que supprimer les aliments auxquels elle réagissait était suffisant. Et là, notre franc est tombé: les réactions pouvaient être violentes. Nous sommes devenus extrêmement prudents. Une nouvelle prise de sang a été faite. Cette fois, le kiwi jaune, le blé et l'œuf sont ressortis. La liste ne cessait de s’allonger. Elle a également fait une réaction allergique au vaccin contre la rougeole. Il ne manquait plus que ça... L’allaitement, par contre, se poursuivait. Pendant 16 mois, j’ai suivi un régime strict. C’était parfois difficile, mais la plupart du temps, j’en étais fière. Fière de moi, mais aussi de ma fille. Nous allions y arriver, ensemble. Elle n’était pas seule.


Elle a aujourd’hui presque deux ans. Elle sait très bien ce qu’elle peut et ne peut pas manger. L'orange, la mandarine et la pénicilline se sont rajoutées à la liste. Et nous cherchons encore et toujours à quoi elle réagit. Une allergie, ce n’est malheureusement pas toujours très clair. Ça va, ça vient. Nous sommes aidés par une équipe de pédiatres, de spécialistes, de nutritionnistes et d’accueillantes (car une bonne crèche, cela vaut de l’or quand votre enfant a besoin de soins particuliers).


Nous cherchons, encore et encore. Nous tombons, et nous nous relevons. Et heureusement, à l’heure actuelle, c'est plus facile qu'il y a trente ans. Mais on patauge, aussi, et parfois on n’y voit plus clair. Car vous n’aimez pas que votre enfant en voie de toute les couleurs parce qu’elle est allergique à quelque chose qu’elle a mangé par accident. On a parfois l’impression d’être seuls contre toutes ces allergies. C’est quelque chose que les gens ne comprennent pas, et ne prennent pas au sérieux: "Donnez-lui en peu petit à petit, elle va s’habituer." Ce n’est malheureusement pas aussi simple. Ce sont des allers et retours à l’hôpital, chez la pédiatre, le nutritionniste... C’est une vigilance constante. Et elle ne va même pas encore à l’école.

 

J. Willems