famille de 3 dehors

Maman d'un seul enfant mais maman quand même...

1/03/2023

Aussi loin que je me rappelle, je me suis toujours projetée avec deux enfants, peut-être trois. Malgré la grossesse alitée pour ma fille et les complications à l’accouchement, je n’ai jamais envisagé les choses autrement. Mais la découverte de mon infertilité secondaire m’a obligée à me faire à l’idée que je n’aurai qu’un seul enfant. Aujourd’hui, je suis plutôt en paix avec cette réalité mais cela a nécessité un long cheminement…

Fin 2013, j’ai arrêté la pilule pour agrandir la famille. J’étais préparée à revivre une grossesse un peu compliquée mais confiante de pouvoir retomber enceinte rapidement – après-tout, il n’avait fallu qu’un cycle pour ma fille Elsa. Aujourd’hui, neuf ans plus tard, ce deuxième bébé n’est toujours pas arrivé et il paraît désormais peu probable qu’il naisse un jour !

Cette année, je fête mes 40 ans, le jalon que je m’étais mis en tête pour avoir ce deuxième bébé. Et s’il n’est pas arrivé dans notre vie, il a profondément marqué mon état d’esprit, qui a évolué au fil du temps…

Suite à ma grossesse extra-utérine, le premier couac vers ce deuxième bébé, je me suis dit que c’était la faute à pas de chance, que la prochaine grossesse serait la bonne. Malheureusement, il n’y a plus jamais eu de grossesse. Après la découverte de mon insuffisance ovarienne précoce (IOP), on a fait deux tentatives de FIV qui nous ont permis de comprendre que la médecine n’a pas la solution à tout. Malgré tout, je restais persuadée que ce deuxième enfant finirait par arriver si on était patients. On connait tous des histoires de bébés miracles, non ?

Au moins, t’en as déjà un…

Pendant plusieurs années, j’ai très mal vécu cette attente, je ne vivais plus que pour ça, j’étais focalisée sur le côté négatif… Pourquoi ça m’arrive à moi ? Autour de nous, les annonces de bébé et les naissances continuaient, des deuxièmes enfants, des petits troisièmes. Je n’ai jamais été mal au point de certaines qui s’isolent et ne supportent plus de voir des femmes enceintes ou des bébés mais cela restait forcément douloureux…

Mon mari me disait toujours de voir le côté positif, la chance qu’on avait d’avoir déjà Elsa. De profiter d’elle au lieu de vouloir plus. C’était vrai bien sûr et j’en étais consciente mais ça reste selon moi une spécificité dure à vivre de l’infertilité secondaire : sous prétexte que tu as la chance d’avoir déjà un ou plusieurs enfants, on a tendance à te faire ressentir (consciemment ou non) que tu n’as pas le droit d’être triste, de te plaindre. Évidemment qu’être déjà parent est une immense chance par rapport à d’autres couples. Pour autant, n’a-t-on pas le droit de souffrir de ne pas pouvoir exaucer son rêve de famille avec le nombre d’enfants souhaité ?

Mon conseil aux proches de personnes touchées par l’infertilité secondaire : évitez le célèbre « Au moins t’en as déjà un » (titre du chouette livre d’Ambre Isaac que je vous conseille). Cela part d’une bonne intention mais mieux vaut simplement écouter la personne et accompagner ses émotions car vous ne savez pas ce qu’elle ressent. Quand j’entends cette phrase aujourd’hui, je ne ressens désormais que son sens positif, comme mon mari. Mais, pendant des années, elle m’a profondément agacée…

Un seul enfant, une famille quand même ?

J’ai longtemps pensé qu’avec un seul enfant, nous n’étions pas vraiment une famille, ou du moins que nous étions une famille incomplète. Un peu comme le syndrome de l’imposteur que l’on peut ressentir au travail, j’avais l’impression de ne pas être une « vraie » maman, que je valais moins que les autres mamans qui ont plusieurs enfants. J’ai mis du temps à me défaire du schéma familial classique « Mariés, deux enfants » et à me sentir une maman comme les autres.

Ce qui m’a aidée aussi, c’est d’inscrire mon histoire dans celle de ma famille. Je m’explique… Dans ma famille, mes oncles et tantes, mes cousins, … on est plutôt sur 2, 3 enfants (ou pas d’enfant). Avec un seul enfant, j’avais un peu inconsciemment l’impression de ne pas avoir ma place, d’être en décalage. L’an dernier, j’ai appris que mon arrière-grand-mère était fille unique et je me suis rappelée que mon papa a aussi une cousine fille unique. C’est bizarre, mais je me suis sentie apaisée par cette découverte. Et finalement, il y a aussi des enfants uniques autour de nous chez certains de nos amis…

Ne pas comprendre pourquoi ça a marché du premier coup la première fois et plus du tout depuis reste par contre un point sensible pour moi. Depuis le début de mon parcours de maman et d’infertilité, je suis toujours un peu à contre-courant… Bien sûr, il y a mon problème d’insuffisance ovarienne précoce mais qui reste atypique comme pas mal d’autres symptômes et caractéristiques chez moi… Récemment, on m’a diagnostiqué une endométriose et un problème d’hypothyroïdie frustre, il y a probablement des liens à faire là aussi… mais rien d’évident non plus. Je sais que je dois me faire doucement à l’idée que je n’aurai jamais d’explication claire…

Une happy family

Il m’a fallu longtemps mais j’ai compris que mon bébé miracle, je l’avais probablement en fait déjà eu sans en avoir conscience. C’est une merveilleuse jeune fille de 11 ans et demi !

Comme me l’a répété la psychologue que je suis allée voir quelque temps, une femme en désir d’enfant ne fait jamais totalement son deuil tant que c’est encore physiquement possible (avant la ménopause quoi ;-)) et c’est normal, mais aujourd’hui je suis sereine et je vois aussi les avantages, notamment d’avoir davantage de temps pour moi.

Il y a quelques années, j’ai fait créer une déco en fil de fer qui clame « Ici vit une happy family » pour orner le mur de ma cuisine. Au départ, c’était surtout un mantra que je me répétais mais, aujourd’hui, c’est devenu ma réalité : tous les trois, nous sommes aussi une « happy family » !

Mon parcours de maman (et ses multiples rebondissements) 

PMA, MAP, IOP, FIV, GEU, … Quand j’ai arrêté la pilule, je ne pensais pas devenir une spécialiste des abréviations autour de la grossesse et de l’infertilité. Retrouve les précédentes étapes de mon parcours de maman : 

- Ma grossesse à l’horizontale 
- De la salle d’accouchement aux soins intensifs 
- Le bébé qui s’était trompé d’adresse 
- Direction la PMA pour la vieille avant l’heure