1. Est-ce que je le veux vraiment? Quelle est l’ampleur de mon chagrin?
Oui, vous voulez devenir mère. Mais ce scénario cadre-t-il avec ce que vous recherchez dans la maternité? Être mère pour vous, c'est quoi? Qu’attendez-vous précisément? Qu’est-ce qui vous attire dans le fait d’avoir un enfant? Qu’associez-vous à tout cela? Dans quelle mesure la transmission de votre patrimoine génétique, de votre lignée, ... pèse-t-elle sur votre désir d’enfant? Quels sont vos autres désirs liés à votre envie de devenir maman?
Soyez honnête envers vous-même: quelle est l’ampleur du chagrin lié à la perte de votre identité génétique, de votre idéal tel que vous l’aviez imaginé? Cette perte est un processus de deuil: vous devez mener le scénario initial à son terme et lui donner une place, pour pouvoir passer à un autre scénario. Cela fait mal, et c'est parfaitement normal. Confrontez-vous à cette réalité, ne l’éludez pas, afin que votre enfant ne doive pas, par la suite, porter ce chagrin de manière inconsciente.
2. Quel sera le rôle de la donneuse dans notre vie?
Que ressentez-vous par rapport à cette donneuse? La percevez-vous comme une aide, une sauveteuse, envers laquelle vous serez éternellement reconnaissante? Ou plutôt comme une concurrente, car vous craignez qu’un jour votre enfant la préfère à vous? Ou un mélange des deux? À moins que vous ne vouliez l'intégrer à votre vie, votre histoire? La place de la donneuse dans votre vie dépend de plusieurs aspects. Quel sera par exemple son profil: une donneuse anonyme, ou identifiable, et dont votre enfant pourra, à un certain âge, retrouver l’identité, ou encore une donneuse connue? Attention, les possibilités légales en la matière varient d’un pays à l’autre. Et qu’allez-vous dire à votre enfant sur cette donneuse? Quand?
Réfléchissez bien: quels que soient vos choix en la matière, la donneuse fait bel et bien partie de votre histoire, de votre système (c’est-à-dire un ensemble de personnes indissociablement reliées entre elles, et qui ont un impact les unes sur les autres)... Là encore, cela doit avoir une place. Je pense qu’ignorer l’existence de la donneuse génère un déséquilibre et un mal-être systématiques.
3. Comment cela prendra-t-il forme dans notre famille?
Vous avez un partenaire? Dans ce cas, votre partenaire apportera une contribution génétique à votre enfant. Que représente ce déséquilibre pour vous, aujourd'hui et demain? De quelle manière pouvez-vous tous les deux apporter une contribution équilibrée à cet enfant?
Y a-t-il éventuellement d’autres enfants dans la famille (d'une relation avec votre partenaire, ou d'une relation précédente)? Comment allez-vous les impliquer? Qu’allez-vous leur dire, et quand? Comment présenterez-vous ces différences génétiques?
Vous êtes peut-être célibataire. Dans ce cas, il est question d'un double don / d'un don d’embryon. Que ressentez-vous face à cette construction complexe?
4. Que dire à mes proches?
Comment votre environnement social va-t-il réagir? Dans quelle mesure allez-vous être touchée par ce que les gens en pensent? Pourquoi? Que direz-vous à qui, et quand? Quel signal donnerez-vous de la sorte à votre enfant? Comment mettrez-vous cela en adéquation avec ce que vous raconterez à votre enfant, et quand?
Ce sont des questions importantes dans l’intérêt de l’enfant.
5. Comment veiller à ce que mon enfant ne subisse pas de dommages émotionnels?
Cette question, c'est un peu la question last but not least car il va sans dire que l’intérêt de votre enfant à naître est crucial. Comment seront les choses pour lui? Cela ne risque-t-il pas de le rendre malheureux à un moment donné? Autant de questions qui tourneront dans votre tête.
Et vous n’avez malheureusement pas le contrôle de toutes les réactions de votre enfant à venir, rien n'est prévisible avec certitude. Je crois pour ma part que la façon dont vous agirez et dont vous intégrerez cela dans votre vie, et donc la façon dont vous répondrez aux quatre premières questions, aura une grande influence sur la façon dont votre enfant percevra cette histoire de donneuse. Raison de plus pour bien réfléchir à votre perception, vos sentiments.