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Pour mon enfant qui ne grandira jamais...

9/05/2023
Voix De Maman
Par Voix De Maman

Il y a 2 ans et 34 semaines, j'ai découvert que j'étais enceinte de 6 semaines. J'étais heureuse et triste à la fois. J'avais 22 ans. Mon copain et moi étions ensemble depuis seulement quelques mois et je vivais chez ma grand-mère, lui chez ses parents. Il avait déjà dit plusieurs fois qu'il n'était vraiment pas prêt à avoir des enfants. Et puis me voilà, avec mon désir d'enfant immense, très sensible, malade et de gros maux de tête...

Le choc a été rude lorsque mon copain a dit qu'il ne voyait pas notre relation fonctionner si je n’avortais pas. Donc c'était mon choix : soit continuer seule, avec un enfant, soit continuer ensemble mais sans enfant. Je viens moi-même d'une famille brisée et je ne voulais absolument pas ça pour mon enfant. J'ai donc choisi la deuxième option...

Tristesse, absence et vide

L'intervention a été un véritable enfer. Je me suis évanouie, je suis devenue une épave mentale et ce qui a suivi a été une dépression sévère et profonde. Mon petit ami ne pouvait pas faire face à ces émotions et me délaissait souvent. Et moi, j'étais là, pleine de tristesse, de manque et de vide. Nous avons fini par nous en sortir plus ou moins, mais je ne lui pardonnerai jamais complètement car, pour moi, il m'a enlevé mon premier enfant. Je l'aime à en mourir mais cet évènement restera toujours entre nous comme un bloc.

Je compte les jours, les semaines, les mois jusqu'à ce que mon copain donne enfin son GO pour un bébé. Chaque fois que je me sens un peu fatiguée ou nauséeuse, j'ai peur et je suis heureuse en même temps.

Cette semaine, mon bébé aurait eu 2 ans. J'aurais aimé lui donner l'attention qu'il méritait. Peut-être qu'il y a d’autres femmes qui ressentent la même chose. Qui regrettent. Qui sont à la recherche de quelque chose qui résoudra leur chagrin, qui le comblera. Voici donc mon texte. Pour mon bébé.

 

Aujourd'hui, demain ou après-demain

Je ne voulais pas savoir, je ne voulais pas te donner un anniversaire, parce que je ne voulais pas qu'on me rappelle la douleur, la perte. J'ai refoulé la date. Parce que je ne voulais pas te donner une date de décès. Je voulais tellement te garder avec moi et je voulais tellement que les choses soient différentes. Que ton papa t'aime aussi autant que moi, que ton papa ressente ta présence autant que moi et qu'il rayonne d'amour et de bonheur.

Tu me manques

Depuis le jour où ils t'ont éloigné de moi, tu me manques. Je ressens le vide en moi et autour de moi. Je refoule les pensées parce que je me sens coupable. Coupable envers toutes ces mamans et tous ces papas qui veulent tant mais ne peuvent pas. Coupable envers toutes ces mamans et tous ces papas qui attendent impatiemment. Coupable de ma tristesse. Alors, je ne dis rien.

Je garde le silence sur la tristesse, le vide et le manque. Je regarde ailleurs, je m'éloigne et j'ignore les poussettes, les vêtements de bébé et les gros ventres. Mais pas aujourd'hui... Aujourd'hui, je t'accorde ton anniversaire.

Deux ans, c'est spécial. C’est souvent la période du ‘non’. Mais, aujourd'hui, c’est doublement oui ! Oui à ma tristesse. Oui au manque. Oui à l'amour inconditionnel que je te porterai toujours.