maman triste

Direction la PMA pour la vieille avant l'heure

19/01/2023

Quand on a tout juste dépassé la trentaine et qu’on est tombée enceinte au premier cycle à peine trois ans plus tôt, on ne s’attend pas à recevoir un diagnostic d’insuffisance ovarienne précoce… C’est pourtant ce qui m’est arrivé. J’ai non seulement découvert que j’étais vieille avant l’heure mais aussi les limites de la médecine.

Après ma grossesse extra-utérine, ma gynécologue m’a prescrit un bilan hormonal histoire de faire le point sachant qu’on relançait les essais bébé. J’étais jeune – 32 ans – j’étais tombée enceinte de ma fille facilement, c’était donc plus une formalité qu’autre chose pour elle mais les résultats ont pointé un taux d’AMH fort bas pour mon âge. Une nouvelle abréviation inconnue qui signifie Hormone Anti-Müllerienne. Cette hormone est un indicateur de la réserve ovarienne de chaque femme, et donc de sa fertilité.

Insuffisance ovarienne précoce

On a donc poussé un peu plus loin les investigations en comptant en début de cycle le nombre de follicules pour chaque ovaire, sachant que la normale est d’environ 10 de chaque côté. Dans mon cas, j’étais proche de la norme à droite mais j’en avais seulement 3 à gauche. Ces deux examens couplés (le taux d’AMH et le comptage des follicules) ont permis de me donner un diagnostic d’insuffisance ovarienne précoce.

En résumé, d’un point de vue fertilité, j’étais vieille avant l’heure... avec des ovaires plus proches d'une bonne quarantaine d'années que de mes 32 printemps officiels. Une sentence plutôt difficile à accepter et qui impacte la confiance en soi (encore plus quand on n'en a déjà pas beaucoup avant !). Du côté de mon mari, les examens étaient bons. Les médecins nous ont donc proposé de passer directement en PMA tant qu’il était encore temps pour moi.

Première tentative de FIV

Après une réunion d’information, on s’est lancé dans cette première tentative de FIV sans s’être davantage préparés ni renseignés. On faisait confiance aux médecins. On m’a donné des doses d’hormones assez fortes pour faire réagir mes ‘vieux’ ovaires et ça a bien fonctionné : on a obtenu 11 ovocytes et 10 embryons, ce qui est un très bon résultat pour une insuffisance ovarienne.

Je me rappelle qu’en allant à l’hôpital pour la ponction des ovocytes, je marchais tout doucement car je sentais comme des balles de flipper qui s’entrechoquaient à l’intérieur. La ponction en elle-même n’a pas été douloureuse mais après, j’ai eu l’impression pendant quelques heures que mon ventre était un champ qu’on avait labouré. J’ai appris par la suite que ces sensations étaient probablement dues au fait que j’étais à la limite de l’hyperstimulation…

Transférer 3 embryons ?!

Le jour du transfert est arrivé et ça a été la douche froide. Le biologiste qui nous a accueillis nous a dit froidement que la qualité des embryons était très mauvaise et qu’on allait en transférer 3. C’était un samedi et il était évident qu’il aurait préféré être ailleurs qu’au boulot…

Depuis le début, les médecins nous disaient qu’ils favorisaient toujours un seul embryon et cette annonce de 3 embryons nous a fait paniquer. J’ai repensé à la grossesse de ma fille alitée, à la difficulté que j’avais eue à garder un seul bébé au chaud. Alors, trois ?! Je ne voyais pas comment ça allait être possible.

Comme je l’ai dit, nous n’étions pas non plus très renseignés et ce médecin n’a pas su répondre à nos questions et nous rassurer. On a donc choisi de ne transférer qu’un seul embryon et nous nous sommes sentis jugés pour ce choix. Je suis sortie de l’hôpital en pleurs et il m’a fallu plusieurs jours pour m’en remettre. Autant dire que les conditions n’étaient pas réunies pour qu’un embryon s’accroche. Sans surprise, cet essai a été un échec.

Deuxième tentative de FIV

Aucun des embryons recueillis lors de ma première tentative n’ayant la qualité nécessaire pour pouvoir être congelé, nous savions qu’il nous faudrait recommencer le processus depuis le début mais nous voulions d’abord nous renseigner davantage pour ne pas revivre le choc de notre premier essai. J’ai donc pris un rendez-vous avec une gynécologue spécialisée pour savoir si mon corps pouvait supporter une grossesse multiple. Comme je m’en doutais, ce n’était pas vraiment recommandé mais elle m’a expliqué qu’en cas de début de grossesse gémellaire ou triple, une réduction embryonnaire pour raison médicale pouvait être envisagée.

Entre-temps, nous avons aussi appris qu’en cas de mauvaise qualité, le fait de mettre trois embryons a très peu de chance de donner 3 bébés, c’est davantage une manière d’en ‘booster’ un. Nous avons donc entamé la 2e tentative de FIV apaisés : nous savions désormais à quoi nous attendre et nous transférerions le nombre d’embryons recommandé par les médecins. Cette deuxième stimulation plus forte que la première a néanmoins obtenu un moins bon résultat : 7 ovocytes et 4 embryons, toujours de mauvaise qualité.

Tout ça pour ça

Nous étions prêts pour le transfert de 2 ou 3 embryons mais, coup de théâtre, les médecins nous ont indiqué qu’ils n’allaient pas effectuer de transfert le 3e jour (J3) mais attendre que les embryons aient 5 jours (J5). Sachant qu’ils m’avaient expliqué précédemment qu’un embryon de mauvaise qualité ne peut pas vivre aussi longtemps hors du corps, je n’ai pas compris ce choix et, en effet, au bout des 5 jours, ils nous ont rappelés pour nous dire qu’aucun embryon n’avait survécu. Autant de piqures, d’échographies, de douleur, … pour rien… J’ai eu l’impression que les médecins avaient condamné mes potentiels bébés sans même leur laisser une chance.

Bye bye la PMA

Une insuffisance ovarienne précoce entraîne le plus souvent un problème de quantité d’ovocytes mais elle peut aussi, comme dans mon cas, affecter leur qualité. A choisir, j’aurais préféré n’avoir qu’un seul bon embryon que plein de mauvais mais bien évidemment, on ne choisit pas !

Nous avons eu rendez-vous avec la gynécologue du centre PMA qui nous a dit qu’elle ne recommandait pas de nouvelle tentative. Que les FIV classiques n’étaient pas la bonne solution pour nous et que nous avions autant de (minces) chances que ça finisse par arriver naturellement.

Pour mon mari, cette deuxième tentative avait été très compliquée à gérer, il se sentait de moins en moins à l’aise avec l’idée de ‘forcer’ la nature. A ce moment-là, on nous aussi parlé du don d’ovocytes. J’étais prête à y réfléchir mais mon mari ne souhaitait pas s’engager dans cette voie sachant que nous avions la chance d’avoir déjà un enfant. Nous avons donc décidé de tourner la page de la PMA. Mais dans ma tête, l’espoir que ce bébé numéro deux finirait par arriver si on était patients était toujours bien présent.

 

Mon parcours de maman (et ses multiples rebondissements)


PMA, MAP, IOP, FIV, GEU, … Quand j’ai arrêté la pilule, je ne pensais pas devenir une spécialiste des abréviations autour de la grossesse et de l’infertilité. Retrouvez les différentes étapes de mon parcours de maman : 

-	1/ Ma grossesse à l’horizontale
-	2/ De la salle d’accouchement aux soins intensifs
- 3/ Le bébé qui s’était trompé d’adresse
-	4/ Direction la PMA pour la vieille avant l’heure
- 5/ Maman d'un seul enfant mais maman quand même