Comment se sentent les mamans ? Pas si bien que ça visiblement...
Nous avons analysé les résultats de notre enquête menée auprès des mamans francophones (principalement belges et françaises) en collaboration avec Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, docteures en psychologie et expertes internationalement reconnues dans le domaine du burn-out parental.
0 à 3 ans : une période difficile
Avant d’aller plus loin dans les commentaires sur les réponses, il est à noter qu’une majorité des participantes à notre enquête sont mamans d’enfants en bas-âge entre 0 et 3 ans, ce qui a une incidence sur les résultats. C’est en effet un âge compliqué pour les mamans car les jeunes enfants sont totalement dépendants.
Du temps pour soi
« Une majorité des mamans francophones rapportent avoir entre 1h et 4h de temps pour elles par semaine. Près de 30 % disent même disposer de moins de 1h. C’est très peu car cela équivaut à moins d’1h par jour, probablement quelques rares minutes en semaine si les mamans ont inclus le week-end dans leur réponse. »
« On voit que les mamans n’ont pas assez de temps pour récupérer. Des statistiques belges ont montré que les hommes récupèrent beaucoup plus en week-end que les femmes. En semaine, les femmes s’occupent davantage des tâches parentales et domestiques et les hommes travaillent davantage, ce qui s’équilibre. »
« Mais, le week-end, les femmes continuent à s’occuper des tâches parentales et domestiques, ce qui leur laisse moins de temps pour récupérer. Avoir davantage de temps pour elles est d’ailleurs la réponse qui revient le plus souvent à la question de savoir ce qui leur manque aujourd’hui pour être des mamans plus heureuses. »
Fa-ti-guée
« Plus de 80 % des mamans se sentent fatiguées plusieurs fois par semaine voire tout le temps dans leur rôle de maman (50 % plusieurs fois par semaine et un peu plus de 35 % tout le temps). Ces résultats sont inquiétants même s’il faut différencier la fatigue de la somnolence. La première est un état émotionnel dont les causes sont multiples alors que la seconde est un état physiologique. »
« La fatigue appelle le repos tandis que la somnolence appelle le sommeil.Dans le cas de mamans d’enfants en bas âge, il s’agit très probablement d’un mélange de fatigue physique et émotionnelle. »
Répartition des tâches
« 15 % des mamans seulement trouvent que le partage des tâches est équitable dans leur couple. Dans l’écrasante majorité des cas, les mamans ont l’impression d’en faire plus ou beaucoup plus que leur partenaire. Ces résultats s’accordent avec la littérature scientifique selon laquelle 65 % des tâches parentales et domestiques sont encore réalisées par les femmes, même dans les pays dits égalitaires. »
« Ce déséquilibre dans la répartition des tâches éclaire également partiellement le degré de fatigue rapporté par les mères. En effet, comme dit précédemment, en semaine, les femmes s’occupent plus des tâches parentales et domestiques et les hommes travaillent plus. »
« On pourrait penser que cela s’équilibre mais des recherches ont montré quel’épuisement parental impacte davantage le corps que l’épuisement professionnel. Et comme les mamans continuent à s’occuper davantage des enfants et de la maison le week-end, elles récupèrent moins le week-end. »
Vie de maman, de femme et travail
« Sur une échelle allant de 0 à 10, seulement 17 % des participantes estiment entre 7 et 10/10 l’équilibre entre leur vie de maman et leur vie sociale, amoureuse et professionnelle. En d'autres mots : il n’y a pas du tout un bon équilibre ! »
«Ces résultats s’accordent également avec la littérature scientifique qui montre qu’il est très difficile de trouver cet équilibre durant les cinq premières années de la vie de son enfant. A cette période, la vie de couple est souvent sacrifiée, et parfois la vie professionnelle aussi. »
Maman, un rôle difficile
« Sur une échelle allant de 0 (pas du tout difficile) à 10 (extrêmement difficile), près de 50 % des participantes notent entre 7 et 10/10 la difficulté d’être maman. La majorité des mamans trouvent donc leur rôle difficile. Ces résultats sont cohérents avec le haut niveau de fatigue et le bas niveau de loisirs rapportés dans l’enquête. »
« On fait face à un cercle vicieux : être parent est effectivement un rôle difficile qui engendre de la fatigue. Et comme les mamans sont fatiguées, leur rôle leur semble encore plus difficile, et ce d’autant plus qu’elles ont peu de possibilités de récupérer, pas assez d’aide du conjoint et pas assez de reconnaissance de ce qu’elles accomplissent. »